The party is Over

Publié le par Onali

The party is Over

Maquillée comme une voiture volée. Encore la même rengaine. Elle prends son sac et ses clés, jette un coup d'oeil dans le miroir et sors de cette maison aussi vite possible.

Elle en a marre, ras-le-bol de ces petites réflexions assassines qui lui servent à asseoir sa fausse position de mater familia. Sa mère est une plaie. Depuis bien trop longtemps déjà.

Elle respire l'air froid de Décembre pour se calmer. Elle aime l'hiver, la froideur de l'air, la luminosité presque évanescente des journées trop courtes. Elle se sent bien, saison de contraste et de paradoxe, comme elle.

Elle prends un moment pour une inspection finale, regarde ses longues jambes maigrelettes, ce ventre plat, ses épaules osseuses et ses petits seins qui pointent insolemment dans le froid hivernal.

La jupe courte, ok. Le bustier noir, ok. Les bas résille, ok. Les escarpins vertigineux, ok.

Elle aime ça... jouer la provoc'. Elle le sait qu'elle s'habille trop court et se maquille beaucoup trop. Elle a bien conscience d'attirer les regards et pas les plus honnêtes. Mais elle s'en fout. Elle s'éclate quand même. Et ne ronronne certainement pas des tonnes de "je t'aime".

Elle esquisse un sourire et monte dans sa voiture. À elle une soirée de folie. Mais seule. Sans amies, sans personne, sans contraintes ni limites. Elle préfère c'est tout . L'amour du risque, ou l'inconscience de la jeunesse, elle ne sait pas trop. C'est juste un besoin vital, celui de se mettre en danger, de ressentir plus fortement la vulnérabilité de sa condition.

Quelques minutes plus tard, elle gare sa voiture au milieu d'un parking défoncé, sort et avale rapidement ses trois petits cachets qui lui donneront l'énergie pour tenir toute la nuit. Elle se dirige vers l'entrepôt dont elle entend les basses puissantes résonner dans la zone industrielle. Une pluie fine se met à tomber, elle se dépêche. Elle prend son ticket, se débarrasse du superflu et plonge dans le gouffre noir qui l'appelle violemment. Mais jamais aussi fort que l'autre.

Elle se fraie un chemin dans la mêlée des corps luisants qui s'agitent frénétiquement au son de la musique techno pour atteindre l'épicentre du mouvement. Son corps tressaute en rythme, ses mains s'agitent, elle se sens partir et tout devient plus net.

Elle a une conscience plus aiguë des choses autour d'elle, elle frémit au moindre effleurement et ondule des hanches pour mieux se rapprocher des autres. Seule dans une foule. Touchée sans l'être, en communion totale avec cette foule inconnue. Des sensations grisantes qui lui font perdre la tête et la poussent à danser sans s'arrêter. Pour profiter de ces sensations encore et encore, elle s'interdit d'aller aux toilettes ou de commander à boire. Elle veut continuer jusqu'à en crever.

Son corps transpire, ses hanches se soulèvent et ses seins se tendent comme à l'approche d'un orgasme ravageur.

Elle écarte les relous d'une main, elle n'a pas envie de ses rencontres futiles et vides qui l'écoeure un peu. Elle ne veut que danser jusqu'à l'épuisement, jusqu'à oublier le désoeuvrement de sa vie et ces autres mains qui la touche sans son consentement.

Puis le vide. Tout s'arrête. Elle se retrouve tout à coup dehors. Dans le froid et la pluie. Une absence de plusieurs heures dont elle est coutumière et dû, sans doute, aux petits cachets magiques. Elle ne sait pas comment elle se retrouve dans ce parking pourri mais elle sait qu'il est l'heure de rentrer. La fête est finie, terminée, OVER.

Perdue, elle tâtonne et retrouve ses clés, n'a même pas le souvenir d'être repassée par le vestiaire et se dirige d'un pas chancelant vers sa voiture. Elle ouvre la porte, balance son sac sur le siège passager et met le contact. Transie de froid, les cheveux mouillés, elle décide d'allumer le chauffage à fond. Tremblante, elle attends que la chaleur envahisse l'habitacle pour démarrer et rentrer chez elle.

En quelques minutew, elle se retrouve devant chez elle, et se gare aussi silencieusement que possible. Il est tard ou bien tôt, elle ne sait plus bien. Elle sait juste qu'elle n'a aucune envie de rentrer et de reprendre une vie parasitaire dont elle se sent exclue la plupart du temps. Enfin pas tout à fait.

Elle respire profondément et sort de la voiture. La fête est finie, bienvenue dans la maison des horreurs.

Publié dans Notes

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